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EN BREF
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Une étude récente de Transport & Environment (T&E) remet en question l’efficacité des biocarburants dans le cadre des politiques de responsabilité sociétale (RSE) visant la neutralité carbone. Bien que longtemps présentés comme une alternative écologique aux combustibles fossiles, les biocarburants, notamment ceux issus d’huile de colza ou de soja, émmettent en réalité 16 % de CO₂ de plus que leurs homologues fossiles, en raison des pratiques de déforestation et de changement d’usage des sols. Cette situation représente un risque de greenwashing pour les entreprises intégrant ces carburants dans leurs stratégies RSE, en faussant leurs bilans carbone. T&E souligne également que les initiatives basées sur les biocarburants de première génération pourraient annuler les efforts de décarbonation, tout en appelant à une transparence carbone stricte dans les rapports d’émissions indirectes.
Analyse de T&E : L’impact des biocarburants sur l’intégrité des politiques RSE axées sur la neutralité carbone
Une étude récente de Transport & Environment (T&E) remet en question le rôle des biocarburants dans les politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Longtemps perçus comme une solution prometteuse pour réduire l’impact environnemental des combustibles fossiles, ces carburants issus de cultures végétales sont désormais considérés comme une source accrue de pollution. En effet, T&E révèle que les biocarburants peuvent émettre jusqu’à 16 % de CO₂ de plus que les carburants fossiles qu’ils sont censés remplacer. Ce constat soulève de sérieuses interrogations quant à la conformité des engagements RSE des entreprises, qui pourraient se retrouver face à des accusations de greenwashing.
Le tournant de 2025 : nouvelles révélations sur les biocarburants
Publié en octobre 2025, le rapport de T&E met en lumière des réalités troublantes sur les biocarburants. Pendant des années, ces carburants étaient valorisés dans les stratégies RSE comme une alternative « verte » et une voie rapide vers la décarbonation. Cependant, l’étude conteste cette perception en démontrant que la production de biocarburants, en particulier le biodiesel à base d’huile de colza et de soja, génère plus d’émissions. Les activités de déforestation et les modifications de l’utilisation des terres pour la culture de plantes énergétiques libèrent des niveaux élevés de carbone dans l’atmosphère, contredisant les prétentions environnementales établies.
Le rapport de T&E : une remise en question des promesses vertes
Le rapport de T&E ne se contente pas de critiquer l’efficacité des biocarburants, mais souligne aussi l’impact plus large sur notre écosystème. Bastien Gebel, responsable du pôle automobile chez T&E, affirme que l’industrie automobile a sous-estimé les externalités environnementales des biocarburants. Les entreprises qui comptent sur ces carburants pour réduire leurs émissions doivent maintenant revoir la véracité de leurs affirmations. En effet, les données du rapport montrent que ces entreprises pourraient se retrouver dans une situation délicate si leurs efforts de réduction des émissions sont perçus comme une façade, entraînant une dilution de leur réputation.
La complexité des émissions indirectes et la non-transparence des bilans carbone
Une des problématiques majeures évoquées par T&E est la manière dont les entreprises calculent leur empreinte carbone. Selon l’étude, beaucoup s’appuient uniquement sur des données d’émissions directes sans prendre en compte les effets indirects liés à la production agricole, au transport des matières premières et aux changements d’usage des sols. Cela crée une image favorable de leur impact environnemental, mais cette portrait est trompeuse. Ainsi, compenser un carburant fossile par un biocarburant ne peut suffire si l’ensemble du cycle de production demeure polluant.
Des politiques de RSE remises en question : vers une nouvelle norme de transparence
Les conclusions de T&E entraînent un besoin urgent d’une réévaluation des politiques RSE. Les entreprises doivent désormais adopter une approche plus rigoureuse de la transparence carbone. Les investisseurs, ONG et régulateurs demandent des bilans qui intègrent les émissions indirectes, souvent négligées dans les protocoles précédents. Ce shift vers la transparence est essentiel pour renforcer la crédibilité des entreprises qui affirment être engagées dans des efforts de décarbonation.
Une interprétation à deux vitesses de la transition énergétique
T&E émet des réserves quant à la généralisation du biodiesel en Europe, prévoyant une augmentation de 4 % des émissions dans le secteur des transports. Cela équivaut à environ 12 millions de voitures supplémentaires sur les routes. Ce phénomène met en lumière les incohérences structurelles des stratégies RSE, où des choix censés réduire les émissions pourraient en réalité aggraver la situation. En effet, la majorité des bénéfices affichés par les entreprises ne tiennent pas compte des émissions générées en amont et en aval de leurs opérations.
Les biocarburants de première génération : une dépendance problématique
Le rapport de T&E révèle également que les biocarburants de première génération, souvent issus de cultures alimentaires, continueront de représenter une majorité de la production mondiale jusqu’en 2030 si des politiques ne sont pas adoptées. T&E prédit que ces filières pourraient générer jusqu’à 70 millions de tonnes de CO₂ supplémentaires dans les années à venir, annulant une partie des efforts déployés pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Cela soulève des questions sur la viabilité de ces solutions et leur rôle dans la transition énergétique.
Vers une refonte des stratégies RSE
Face à cette réalité inquiétante, les entreprises dont les bilans reposent sur les biocarburants doivent repenser leurs engagements en matière de RSE. Une évaluation minutieuse des chaînes d’approvisionnement et des impacts environnementaux associés est plus que jamais nécessaire. Les entreprises doivent également être préparées à affronter des accusations de greenwashing si elles continuent d’adopter des solutions dont les bénéfices sont contestés.La transparence carbone devient alors non seulement une exigence mais un indicateur clé de la sincérité de leurs engagements envers l’environnement.
Les enjeux à venir : une transition énergétique éclairée et efficace
Les conclusions de T&E soulignent l’importance d’une transition énergétique réfléchie et réaliste. La dépendance aux biocarburants de première génération pourrait nuire à la crédibilité des entreprises tout en retardant l’atteinte de leurs objectifs environnementaux. Il est donc crucial d’explorer des alternatives plus durables et de s’assurer que toutes les facettes de la production énergétique sont examinées, y compris les répercussions sur les écosystèmes, l’eau et les sols.
Conclusion et perspectives : repenser le modèle des biocarburants
À l’heure actuelle, les entreprises doivent s’engager dans un véritable processus d’examen et de réforme de leurs stratégies RSE. La transition énergétique nécessite une attention particulière aux impacts environnementaux générés par les biocarburants ainsi qu’une volonté d’innover vers des solutions véritablement durables. Les entreprises qui ne répondent pas à cette demande de transparence courent le risque de voir leur image entachée et de compromettre leurs perspectives de croissance future. La vigilance ainsi qu’une volonté collective de changement seront essentielles pour parvenir à des politiques énergétiques et RSE responsables et efficaces.

Témoignages sur l’Analyse de T&E : L’impact des biocarburants sur l’intégrité des politiques RSE
« En tant que responsable RSE dans une entreprise de logistique, j’ai toujours cru aux bénéfices des biocarburants. Cependant, les résultats du rapport de T&E me ramènent à la réalité. L’idée que nous pourrions contribuer à la neutralité carbone en remplaçant le diesel par du biodiesel est désormais contestée. Les émissions de CO₂ supérieures que génèrent ces carburants sont alarmantes et soulèvent des questions sur notre crédibilité auprès de nos clients et partenaires. »
« Je fais partie d’une organisation environnementale qui a longtemps mis en garde contre les excès des biocarburants. La publication de T&E n’est qu’un doux rappel que nous devons rester vigilants face aux promesses de solutions ‘vertes’. En réalité, la déforestation et les changements d’usage des sols n’apportent rien de bon pour l’environnement. Je crains que ces informations ne biaisent davantage la perception du public et ne mettent en danger notre mission pour un avenir durable. »
« Je suis dans le secteur du transport depuis quinze ans et je ne peux m’empêcher de me sentir trahi. Nous avons intégré les biocarburants dans nos stratégies de responsabilité sociétale sans véritablement examiner leurs impacts environnementaux. Le rapport de T&E nous pousse à reconsidérer nos choix, mais cela est plus facile à dire qu’à faire. Les engagements envers des solutions plus durables sont nécessaires, mais cela nécessite des investissements que peu de compagnies sont prêtes à faire. »
« Travaillant dans le domaine de la finance durable, je suis préoccupé par les implications de l’étude sur les bilans carbone des entreprises. Si de nombreuses sociétés se basent sur des indicateurs superficiels, cela pourrait entraîner des accusations de greenwashing et miner la confiance des investisseurs. À l’avenir, la transparence carbone doit devenir une priorité pour nous assurer que les engagements en matière de décarbonation soient réels et significatifs. »
« Le rapport de T&E révèle une véritable incohérence. En essayant de réduire nos émissions à court terme avec des biocarburants, nous pourrions en réalité générer encore plus de CO₂. C’est un véritable paradoxe ! Je pense que l’industrie automobile doit se tourner vers des alternatives plus durables, sinon elle risque de rester dans une spirale d’émissions croissantes. Nous avons besoin de solutions à long terme qui respectent l’environnement. »
